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Novembre, 2018

Voilà presque 5 ans que je découvrais Victoire Finaz au travers d’une recherche google. Comment ? J’avais eu l’opportunité de me faire dédicacer le livre « 101 tablettes de chocolat » par son auteure, Valentine Tibère. Elle se présentait comme une chocolatologue, une sorte de sommelier du chocolat. Voilà un bien curieux métier dont je n’avais jamais entendu parler. Qui pouvaient être les personnes faisant ce métier ? Quelles études les y avaient conduites ?

Google étant mon ami, j’insérais ce métier à la fois étrange et fascinant dans la barre de recherche… Clic/Entrée… Dans la liste des résultats, plusieurs références à Valentine Tibère et… un autre nom : Victoire Finaz.

Il m’aura fallu attendre novembre 2018 pour rencontrer Victoire et l’interviewer dans le cadre d’une série de portraits sur les femmes dans le monde du chocolat.

C’est donc avec bonheur que je vous partage cette rencontre en espérant inspirer d’autres jeunes femmes à se lancer dans le monde merveilleux du chocolat.

Crédit : Stéphane De Bourgies

Pourquoi Victoire m’inspire ?

Comment décrire cette femme ? On pourrait se contenter d’un portrait anonyme : une belle femme svelte de 35 ans, mère et à la tête d’une entreprise prospère dans le chocolat de luxe… Victoire est tout cela, c’est une évidence ! Mais elle est fascinante et inspirante de bien d’autres façons.

Son parcours est tout à fait atypique. Pour côtoyer les chocolatiers émérites, on s’imagine devoir suivre le parcours obligé, avec : un CAP chocolatier-confiseur, quelques années d’expériences dans une grande maison, un brevet de maîtrise ou un brevet technique des métiers, puis la préparation du concours au MOF. Victoire n’a rien fait de tout cela, elle est passée par d’autres chemins, a bousculé les codes et su innover avec son entreprise au business model « disruptif » !

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Choco, psycho ou comment créer son boulot!

Qui est Victoire, me diront certains ? Victoire est à la tête de la chocolaterie « Les Carrés Victoire » dont la boutique showroom est située dans le 17ème arrondissement, à Paris. Créé en 2006, ce concept store est tout à fait original puisqu’il repose sur deux activités, avec :

• Une activité de conseil où elle intervient en tant que chocologue ;
• Et, une chocolaterie orientée BtoB où elle endosse le rôle de créatrice de chocolats.

Chocologue, Kesako ?

Passionnée par la sociologie et le marketing, Victoire était attirée par des objets d’étude concrets et à l’origine d’émotions positives, comme le vin, le parfum et, bien sûr, le chocolat. Elle se lance alors dans l’aventure d’un thèse en psychologie sur « l’expertise en chocolat : dégustation et analyse sensorielle ». Son doctorat lui aura permis de travailler avec les plus grands artisans chocolatiers (par exemple, Robert Linxe ou encore Pierre Hermé), de développer son palais et de démontrer qu’il existe une véritable expertise du chocolat.

Aujourd’hui, Victoire se présente comme une chocologue. Elle ajoute « le côté chocologue [de mon entreprise] peut interroger car on ne comprend pas de quoi il s’agit. Chocologue est un métier que je me suis créé».

Il s’agit en effet d’un nouveau métier qui s’apparente à celui d’un consultant dont les missions seraient :

• La sensibilisation du public via des ateliers de dégustation, par exemple ;
• Des missions de conseil auprès de professionnels en travaillant notamment sur les tendances et la création de nouvelles recettes chocolatées.

N’est pas chocologue qui veut. Cela passe nécessairement par une reconnaissance auprès des génies du chocolat, chose qu’elle a obtenue à force de travail : « je me suis fait une place depuis 12 ans. Maintenant, j’ai une certaine reconnaissance qui découle de mon professionnalisme. »

Du BtoB dans le chocolat… !

Le BtoB est un acronyme anglais qui signifie « Business to Business », c’est-à-dire que vos clients ne sont pas les consommateurs finaux mais d’autres entreprises. Victoire travaille donc principalement avec des entreprises, comme Guerlain, Vuitton, BNP, CGI, etc…

Ce qu’elle propose ?! Elle produit des coffrets de chocolats sur mesure à l’image de l’entreprise. Ces cadeaux d’entreprise personnalisés, destinés à leurs clients ou à leurs employés, sont de petits bijoux éphémères aussi bien en termes de packaging qu’en termes de chocolats.

Les petit plus ?! Victoire s’occupe de tout. C’est un véritable service clé en main et les entreprises clientes n’ont rien à faire puisque Victoire gère jusqu’à la livraison des coffrets.

Concrètement ça donne quoi ?! Pour le commun des mortels comme vous et moi, le BtoB reste quelque chose d’obscure et on peut avoir du mal à imaginer ces coffrets à l’effigie des entreprises. Victoire m’a donc présenté son catalogue de créations. Parmi ses réalisations, j’ai été fascinée par la reproduction en version chocolat des fameuses météorites de Guerlain, ces perles de poudre pour le teint. C’est juste « Oh My God ! Je veux la même chose !». Je n’ai pas d’autres mots pour traduire ce que j’ai ressenti en voyant cela ! Un coffret cadeau avec les météorites de Guerlain et la version en chocolat de Victoire ferait un tabac pour Noël dans toutes les galeries Lafayette et les Sephora du monde !

J’ai également pu découvrir son produit phare, le nuancier dont je me suis fait le plaisir de déguster les pralinés et ganaches.

Exemple de packaging original pour fêter la sortie de son livre… Les chocolats étaient excellents 😍

En quoi est-ce innovant ?

Ce concept store est disruptif pour deux raisons :

• il revisite deux activités jusqu’alors considérées comme annexes par les chocolateries classiques, à savoir : les cadeaux d’entreprise et les ateliers de dégustation
• il participe de la professionnalisation d’un nouveau métier d’expert en chocolat, que Victoire nomme chocologue.

Enfin, ce positionnement par rapport au marché est extrêmement malin. Victoire a su ne pas se mettre en concurrence directe avec de grandes maisons existantes et créer un marché de niche. De ce point de vue, le business model des « Carrés de Victoire » est remarquable.

La cerise sur le choco !

En plus d’être efficace, ce concept-store est à l’image des aspirations professionnelles de Victoire. D’une part, en se spécialisant dans la personnalisation de coffrets et de chocolats, Victoire crée en permanence de nouveaux produits : « je ne m’ennuie pas. Chaque nouvelle commande est un challenge. […] Ce n’est pas la routine ».

D’autre part, sa casquette de chocologue et son âme de globe-trotteuse lui permettent de partager sa passion avec d’autres, d’aller à la rencontre des producteurs de cacao et de découvrir de nouvelles saveurs. Ses voyages sont également une source d’inspiration et un moyen de se perfectionner : « C’est l’ouverture qui amène à la découverte et à l’expertise. Plus on enrichit sa carte mémoriel [de saveurs], plus on a d’expériences et plus l’expertise est fine. »

Les coulisses de la success story

A ce stade, certain(es) se sentiront sans doute découragé(e)s. Il est vrai que le portrait de Victoire a de quoi impressionner. D’autant qu’à lire ces lignes, tout semble couler de source! Certes, Victoire a hérité de ses aïeux la passion du chocolat. Mais, se faire un place, qui lui est propre, a nécessité quelques tentatives qui ne furent pas toutes heureuses.

Le chocolat, une histoire d’ADN

On dit souvent qu’il n’y a pas de hasard… Dans le cas de Victoire, c’est plutôt une histoire de famille ou de ce que son père devait ajouter dans le biberon 😜

Plus sérieusement, à la question « quel est votre premier souvenir en lien avec le chocolat ? », c’est avec un sourire spontané qu’elle m’évoque les virées en moto avec son père… Direction les meilleurs chocolatiers des alentours ! Elle ajoute : « Mon père nous a élevés avec le goût du chocolat ». Elle a ainsi été formée très tôt à ce qu’il y avait de meilleur.

Son goût pour le chocolat serait-il uniquement une histoire de gène paternel ? L’origine de cette passion pour le chocolat est à chercher plus loin, dans le temps… Je découvre ainsi que l’arrière grand-père paternel de Victoire était chocolatier-févier à Lyon. La chocolaterie a été vendue en 1973, avant la naissance de Victoire. Elle n’en sera pas moins bercée par les souvenirs d’enfance de son père, petit-garçon qu’on imagine volontiers protagoniste de quelques espiègleries dans la chocolaterie de son grand-père ! 😈

Que l’on croit au hasard ou non, peu importe… Il y a dans le parcours de Victoire quelque chose qui relève de la magie… Comme un pont recréé entre trois générations – la sienne et celle de son arrière-grand-père – qui se sont croisées sans pouvoir se rencontrer. Et quoi de plus merveilleux si ce n’est d’achever cet ouvrage avec un livre dédié à la chocologie. Voilà, une belle consécration !

Mais, n’allez pas croire que son histoire soit dépourvue de modèle féminin. Bien, au contraire !

Un livre pour découvrir la chocologie et 50 recettes 😍🎂

Promis… je vous prépare une revue de presse ! 🧐

Se lancer, tomber et recommencer…Pour enfin se trouver

En 2008, Victoire a 25 ans, une thèse et un mastère de marketing en poche. Que faire ? Continuer dans la lignée d’une première expérience chez Kraft food ?! Une vie tranquille de bureau ne lui ressemble guère. Et, la passion du chocolat est trop forte.

Sous l’impulsion de sa mère, experte en porcelaine, elle se lance dans l’aventure de l’entrepreneuriat en ouvrant une société de conseil, bien décidée à valoriser son expertise dans le chocolat. Victoire me confie alors que : « la création de cette entreprise a été un challenge. J’ai embauché une personne plus âgée et je n’avais aucune formation en management. La création d’une marque from scratch, toutes les questions de business plan [ont été autant d’autres challenges] ».

Au bout de 5 ans, Victoire doit fermer sa première entreprise et la revendre. C’est un véritable coup dur. Elle sollicite alors une amie RH pour rebondir dans le marketing : « Je dois remercier cette amie. Elle m’avait dit « je peux te trouver quelque chose dans le marketing mais tu vas t’ennuyer ». […] Au bout d’un an de battement, j’ai crée les Carrés de Victoire. »

Forte de cette première expérience, Victoire a su rebondir en créant une deuxième entreprise qui lui ressemble. J’y vois là un des secrets de sa réussite.

10 ans de travail acharné, deux entreprises et un livre plus tard – sorti le 27 octobre dernier – Victoire ne semble pas vouloir s’arrêter là. La structure étant stable depuis 2 ans, elle souhaite élargir son activité :

• En proposant une gamme de chocolat à destination du grand public
• En investissant le marché asiatique qui voue un culte pour l’éventail et où son nuancier rencontrera certainement un succès fou.
• Et, pourquoi pas… en créant sa gamme de tablettes bean-to-bar, voir même tree-to-bar.

Girls Go! Le conseil de Victoire

Avec un tel parcours, je n’ai pu m’empêcher de lui adresser ma sempiternelle question « que conseilleriez-vous à une jeune femme qui veut travailler dans l’univers du chocolat ? »

La réponse de Victoire est simple, efficace, digne des meilleurs marketeurs : « Persévérance, Passion, Personnes et faire un Produit d’exception ! Ce sont les 4 P ». Elle ajoute : « Par personnes, j’entends : savoir s’entourer des bonnes personnes ».

Parmi ses 4 P, il en ait un qui a jalonné son parcours, tant en termes de difficultés que de belles surprises. Ainsi, c’est au cours de sa thèse, qu’elle fait un rencontre décisive avec Chloé Doutre-Roussel, experte internationale en chocolat. C’est cette femme, dont je vous parlerais bientôt, qui la formera.

« Personnes »… C’est aussi l’une des principales difficultés qu’elle a rencontrée lors de la création de son entreprise. Elle me confie : « j’ai passé 6 ans à trouver les différents fournisseurs avec qui je travaille aujourd’hui. Aujourd’hui, j’ai une équipe de dingue, je suis super contente ! ».

Elle conclut qu’ « en tant que femme, je n’ai jamais eu de problèmes. Lorsqu’on est sérieux dans son travail, il n’y a pas de problème ! ».

Petite infographie pour rester motivée et focus!!! 💪

Quand on croque un carré de Victoire

Si Victoire était un chocolat, ce serait…

Si Victoire était un chocolat, elle serait un « Éclats de rire » : un praliné amandes noisettes au sucre pétillant. Ce praliné parle d’elle et un peu de chacun de nous. Alliance parfaite entre un chocolat noir haute qualité et l’effervescence de l’enfance, sa dégustation amuse, émoustille et nous transporte pendant quelques fractions de seconde dans nos premiers âges. Pour Victoire, je me laisse à imaginer une balade improvisée sur la moto de son père, une petite fille frêle assise à l’arrière, le visage fouetté par le vent et l’eau à la bouche à l’idée de découvrir de nouveaux chocolats prestigieux. Pour moi, ce sera la cours de récré, une partie de billes à l’ombre du chêne et ces fameux bonbons soucoupes remplis d’une poudre effervescente que l’on achetait à la boulangerie du quartier. Si d’aventure vous aviez le plaisir de découvrir ce praliné, je serais curieuse de connaître les souvenirs qu’il vous évoquera !

Nuancier, produit phare des “Carrés Victoire”

Petite dégustation en solo

Son produit phare est le nuancier qui rappelle également les plumiers d’écolier en bois des années quarante. Ne serait-ce pas un petit clin d’œil à son arrière grand-père ? Je n’aurais jamais la réponse mais j’ai pu avoir le plaisir d’en déguster le contenu et peux vous en dire plus à ce sujet.

Ma préférence va sans aucun doute à la ganache « Tarte citron » : les notes de citron vert sont bien identifiables, longues en bouche sans être trop acide. J’ai également adoré « Éclats de rire » pour son côté « souvenir d’enfance ». Les rochers sont gourmands et le format des ganaches est idéal : ces petits pavés larges et d’une fine épaisseur permettent de mieux apprécier les flaveurs lors de la dégustation. De mon point de vue, Victoire excelle dans les ganaches aux saveurs fruitées : elles sont parfaitement équilibrées, rondes et longues en bouche.

En résumé

En dépit d’un parcours brillant et des plateaux télé qu’elle enchaîne, Victoire est restée d’un abord facile. Cette simplicité, au sens noble, fait partie de ces choses qui m’ont touchée. Ce que je retiendrai de cette entrevue est sa capacité à emprunter des chemins inattendus et à savoir s’entourer des bonnes personnes.

Mesdames ! Vous voilà munies de deux bons conseils pour vous lancer ! Rendez-vous bientôt sur le blog pour un nouveau portrait de femme inspirée et inspirante.

PS : Je n’ai pas encore lu le livre de Victoire qui s’est récemment ajouté à ma PAL (Pile de livres à lire). Je compte bientôt vous préparer une revue de ma petite bibliothèque personnelle en matière de lecture chocolatée. Il ne manquera pas d’y figurer.

Flora

Amatrice de chocolat

Remerciements

Je tiens à remercier Victoire pour le temps qu’elle m’a consacré, son naturel, la transparence de ses réponses et pour son accueil dans la boutique du 17ème arrondissement. Pour ceux qui souhaitent découvrir la fabuleuse ganache « Tarte au citron », vous pouvez la commander en ligne depuis fin octobre.

Vous voulez en savoir plus sur Victoire ?! Cliquez ici pour la découvrir en vidéo ou pour découvrir son livre.

Merci à mon super photographe personnel qui embellie mon blog avec son talent ! 😘