Adelia, au bonheur des dames !
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Novembre, 2018
Les amateurs de gastronomie connaissent sans nul doute San Daniele Del Friuli pour son fabuleux Prosciutto, le meilleur d’Italie qui dépasse de loin le jambon de Parme. Dans cette petite ville de la Province de Udine, située au Nord-Est de Venise, j’ai découvert une petite perle : Adelia Di Fant.
Je vous emmène donc en voyage, direction San Daniele Del Friuli, à quelques mètres du Duomo, où se cache une chocolaterie tout à fait originale et dont les arcs, en pierre de taille, lui confèrent un certain cachet.
“Je suis gourmande. [Le chocolat] est une chose que je manges en grande quantité. Il fait parti de mon ADN ”
Adelia Di Fant
Une femme taillée dans le bronze
Adelia Di Fant, c’est l’histoire d’une femme des Alpes orientales italiennes. Ce détail peut vous sembler anodin. Il ne l’est point lorsqu’on connaît les habitants de ces contrées. Là, les habitants sont « nés sur des versants raides de sorte qu’ils ont beaucoup d’équilibre. […] [Ils] patientent, analysent, ne se penchent pas fortement dans un sens ni dans l’autre. [Ils sont] comme la tour de Pise, se plient sans jamais s’effondrer. Ils ont affronté guerres, misères, séismes, inondations, glissements de terrain, et des hivers calamiteux. […] Physiquement, [ils] sont vulnérables comme tout à chacun, moralement, non. Moralement, [Ils sont] taillés dans la fonte. Conscients que le futur est le temps de l’inconnu, [ils] font des projets à court termes. [Ils] naissent chaque matin. Et, chaque matin, [ils] repartent à zéro.» (Mauro Corona).
L’histoire d’Adelia que, je m’apprête à vous conter, est celle de ces femmes réfléchies, fortes et un peu culottées à la fois ! Adelia a grandi dans l’univers agro-alimentaire où, elle se fit une place très tôt en se spécialisant dans le secteur du vin et des liqueurs. Une vingtaine d’années plus tard, au début des années 2000, elle sent poindre le désir de diversifier son activité. Elle cherche, s’interroge, analyse le marché. Elle fait diverses tentatives, notamment en matière de thé haute gamme peu présent sur le marché italien. Adelia découvre alors que l’objet de sa passion, le chocolat fin, commence à être diffusé et apprécié sur le marché régional. Il faut savoir que, dans le Friuli-Venezia Giulia, il n’y avait pas véritablement de culture du chocolat. Ce n’est d’ailleurs qu’aux début des années 2000 que les artisans chocolatiers furent invités aux manifestations gastronomiques locales.
Forte de sa première expérience entrepreneuriale, elle décide d’investir ce secteur avec la prudence que l’on connaît des habitants du Friuli. En 2005, en parallèle de sa première activité qu’elle maintient, elle se forme auprès de Stefano Laghi et suis divers cours spécialisés sur le chocolat, notamment auprès de Leonardo Di Carlo et Salvatore Toma. Ces premières créations seront donc élaborées sous les conseils bienveillants de Leonardo, puis de Salvatore. Un an plus tard, en 2006, elle ouvre le laboratoire dans une arrière court, puis s’agrandira en acquérant la boutique attenante donnant sur la rue.
A me lire, on pourrait croire que cette nouvelle entreprise fût aisée pour Adelia. Il n’en fût rien. Bien au contraire, la première année fût difficile : il lui fallait créer une gamme entière de produit et la chocolaterie n’était pas rentable et tenait grâce aux bénéfices de sa première activité. Adelia me confie également qu’elle doit beaucoup à la solidarité existant entre artisans chocolatiers : « Aujourd’hui, il y a plus d’entre-aide qu’autrefois. Pour l’achat de certaines matières premières, comme le chocolat de couverture, on se regroupent. On s’échange également des conseils sur les bons produits à acheter. Pendant les salons ou autres manifestations locales, il est possible de créer de nouvelles relations ou collaborations. »
Le laboratoire des Dames
L’équipe d’Adelia est entièrement et uniquement composée de femmes, avec trois jeunes filles au laboratoire, une en boutique, soit cinq en tout. Ce choix est volontaire et clairement assumé : « Ici, [dans la boutique et dans le laboratoire attenant,] il y a très peu d’espace. Les femmes sont plus efficaces et gèrent mieux les petits espaces. » me dit elle en riant.
En échangeant avec l’une de ses collaboratrice, je constate qu’Adelia semble bien avoir diffusé la passion du chocolat à l’ensemble de son équipe. Stefania m’explique ainsi que, lors des réunions hebdomadaires, chacune est libre de s’exprimer sur les produits en vente, les futures créations ou améliorations. Ces réunions sont aussi l’occasion de tester les nouveaux bonbons en chocolat : « Une des plus belles choses ici est la phase de test des produits. On y participe toutes. Bien que l’on soit une équipe très variée, on tombe toujours d’accord ». Voilà une belle organisation démocratique… Serait-ce lié au fait qu’elles soient toutes des femmes ?! Je n’ai pas la réponse. Mais, il est évident qu’Adelia y est pour beaucoup dans cette belle dynamique.
Stefania me confirme que cette organisation horizontale du travail, c’est « la propriétaire qui la voulu ». Elle me confie aussi, non sans quelques étoiles dans les yeux, que : « Le matin, il m’arrive de me lever et de me dire « je veux ça ! Un bonbon avec tel ou tel parfum ». Ensuite, on en parle et on le réalise ensemble ».
Dans quelle pomme ai-je croqué ?
A ce stade, vous vous demandez sûrement quel péché mignon peut avoir créer cette femme audacieuse et son équipe ?
La première création d’Adelia a clairement donné le ton : un praliné à la liqueur régionale, la Grappa, en hommage à son premier métier. Depuis 2006, sa gamme s’est largement étoffée avec, environ 30 types de tablettes différentes (à hautes teneurs en cacao ou encore agrémentées de fleurs biologiques ou de fruits secs), une belle sélection de praliné confectionnés avec des grands crus, des bonbons aux liqueurs diverses et un choix de pâtes à tartiner des plus originales et variées.
A la dégustation, on apprécie immédiatement la qualité des produits. Adelia m’explique qu’elle a toujours misé sur des produits de haute qualité et, ceci, depuis le début de sa carrière dans les années 80. Elle a fait de cette ligne directrice un impératif pour sa chocolaterie. J’apprends ainsi que la tablette que je tiens entre les mains (cf. photo) est composée de roses et de violettes crystalisées qu’elle est allé dénicher en France.
Adelia me fait ensuite dégusté sa toute première création : un praliné à la grappa. Alors, le verdict ?! Il faut savoir que je ne suis pas une grande fan de grappa… Et, oui, nobody is perfect ! Et, pourtant, le praliné grappa d’Adelia est parfaitement équilibré. Long en bouche, il laisse une agréable note fruité de liqueur. Idem, pour les pâtes à tartiner dont je suis devenue une grande fan. Tout d’abord, elles sont extrêmement originales avec des pâtes à tartiner au tiramisu, au cappucino, au bombardino, à la grappa stravecchia et des exemplaires plus classiques à la noisette ou à la pistache. Ensuite, elles sont toutes extrêmement équilibrées. A aucun moment de la dégustation, n’apparaît l’amertume que l’on pourrait associer à certaines liqueurs. C’est d’ailleurs une volonté de toute l’équipe. En somme, leurs pralinés, bonbons et pâtes à tartiner sont une ode à la douceur féminine.
En résumé
J’ai adoré cet univers 100% féminin qui transparaît à la fois dans les créations chocolatées et dans la vie quotidienne de cette équipe. C’est quelque chose que je n’avais jusqu’alors jamais rencontré. Bravo mesdames de prouver qu’une chocolaterie peut être entièrement portée par des femmes!
Si vous prévoyez des vacances à Venise, je vous invite à séjourner à San Daniele Del Friuli et à vous arrêter chez Adelia. Pour en savoir plus sur les pâtes à tartiner d’Adelia, il vous suffira de cliquer ici.
Remerciements
Un « grazie mille » à Adelia et à son équipe pour leur disponibilité et leur accueil à la boutique. Pour découvrir toute leur gamme, vous pouvez visiter leur site.
Merci à mon super photographe personnel qui embellie mon blog avec son talent ! 😘
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